Gougaud Henri – L'arbre d'amour et de sagesse by Unknown

Gougaud Henri – L'arbre d'amour et de sagesse by Unknown

Auteur:Unknown
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Aputra

Dans la cité de Bénarès vécut autrefois une femme nommée Shali.

Elle était l’épouse d’un brahmane de grand savoir, mais elle ne goûtait guère les austères bontés de cet homme. Un jour, par la volonté des dieux et la puissance de ses désirs elle fut adultère et se trouva grosse d’enfant. Elle eut peur, honte aussi. Comme elle n’avait aucun espoir d’être prise en pitié, elle s’en fut au loin. Son fils naquit un soir au bord de son chemin. Après qu’elle l’eut mis au monde, elle l’abandonna dans une palmeraie.

Une vache entendit les pleurs du nourrisson. Elle vint renifler le petit être nu, lava son corps à coups de langue, se coucha sur le flanc et lui offrit le lait de sa mamelle. Sept jours durant elle le nourrit sur un lit d’herbes au bord du chemin. Alors vint à passer dans sa charrette un lettré voyageur.

« Cet enfant, pensa-t-il, a grand besoin d’un père. » Il s’en revint chez lui avec, au creux du bras, ce fragile cadeau que les dieux lui avaient fait et dit à son épouse :

— Femme, un garçon nous est donné. Je désire qu’il soit ton fils, comme il est désormais le mien.

L’enfant fut baptisé Aputra. Il fut dignement élevé. Quand il eut l’âge, son père lui chanta les chants sacrés de l’Inde. Aputra les apprit sans erreur, à voix juste.

Il advint qu’un jour les gens de son village décidèrent d’offrir en sacrifice aux dieux une vache au poil blanc.

Comme elle gémissait lamentablement au fond du temple où dès l’aube prochaine elle devait être immolée, Aputra vint la voir, vers l’heure de minuit. Le cœur pris de pitié pour elle autant que de révolte envers la cruauté des hommes, il décida de l’aider à s’échapper. Il la délia donc, la poussa devant lui. Sur le sentier pierreux ils s’en furent trottant jusqu’à la forêt proche sans voir que derrière eux s’effeuillaient les guirlandes de fleurs qui paraient l’encolure et les cornes puissantes de la bête. Les

hommes partis à leur recherche de grand matin n’eurent guère de mal à trouver leur abri. Ils furent ramenés au temple du village. Aputra fut battu.

Or, comme un lourd bâton menaçait de fracasser sa tête, la vache, le front bas, se rua sur les gens qui tourmentaient celui qui l’avait délivrée. Elle en renversa deux, franchit la porte et s’enfuit à grande allure. Aputra dit alors aux hommes rassemblés :

— Pourquoi vouliez-vous égorger cette bête ? Croyez-vous que la mort des créatures puisse réjouir les dieux ?

Un homme répondit qu’il parlait ainsi parce qu’il était le fils d’une vache. Alors l’un des prêtres du temple déclara qu’il connaissait la véritable mère d’Aputra. Chacun autour de lui se tut et l’écouta.

— Au cours de mes voyages, dit-il, un jour j’ai rencontré une femme épuisée par son errance perpétuelle et son inguérissable mélancolie. Son nom était Shali. Elle me révéla qu’elle était l’épouse d’un brahmane de Bénarès, qu’elle avait trahi cet homme de bien, qu’elle l’avait fui, qu’elle avait accouché d’un



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.